Plantation d’une châtaigneraie en système agroforestier
Avec une superficie de près de 7000 hectares, la commune de Hasparren se classe parmi les communes les plus étendues du Pays Basque. Elle a, en outre, la particularité de posséder elle-même des surfaces non négligeables. Celles-ci se répartissent :
- en forêts, gérées par l’Office National de la Forêt (ONF),
- en terres cultivables, laissées à bail aux agriculteurs et dont la majorité est issue de défrichements réalisés dans les années 70, qui ont abouti à la création de “terres nouvelles”
- en vastes landes, où l’on trouve principalement de la fougère et du thuya, entretenus par les éleveurs et leurs animaux.
A la faveur d’une cessation de bail, la commune a repris à son compte une parcelle située au quartier La Côte, au lieu dit « Errhinesorhua ». Non entretenue depuis plusieurs années, cette parcelle était le lieu idéal pour mener un projet de mise en valeur d’un terrain « perdu pour l’agriculture ».
Une identité agricole importante
Hasparren est une commune avec une identité agricole importante, où de nombreuses filières sont représentées : ovin lait, ovin viande, bovin lait, bovin viande, aviculture, maraichage, arboriculture… Malgré une dynamique agricole forte, le nombre d’exploitations évolue à la baisse et les revenus des agriculteurs sont fragiles.
Parallèlement, la demande de foncier, tant à vocation résidentielle qu’économique, va en grandissant.
Dans ce contexte, la recherche de l’amélioration de la valorisation des surfaces agricoles apparaît comme un levier intéressant. L’agroforesterie est une pratique permettant une double valorisation sur une parcelle donnée. En effet dans un tel système, deux niveaux de production cohabitent, les arbres qui participent à une production verticale, et une production au niveau horizontale, qui peut être une culture ou une prairie par exemple.
L’activité agricole est principalement tournée vers l’élevage au Pays Basque. L’introduction d’arbres dans les systèmes d’élevage revêtirait plusieurs intérêts, notamment en termes de résilience et de durabilité pour les exploitations elles-mêmes :
- amélioration du bien-être des animaux, par la création d’abris naturels
- complément de ressources alimentaires pour les animaux
- limitation de l’érosion
- production de bois et/ou de fruits, source de revenus supplémentaires pour les éleveurs
- enrichissement de la faune et de la flore au niveau d’une parcelle : gain de biodiversité
A une échelle plus large, l’introduction d’arbres contribue à la lutte contre le réchauffement climatique. Par le mécanisme de la photosynthèse les arbres captent l’azote atmosphérique et le stockent, via leurs racines, dans le sol ce qui limite à la montée des températures.
La châtaigneraie et son châtaignier
Au vu des caractéristiques de la parcelle, le choix de la commune s’est porté sur l’implantation d’une châtaigneraie à grande distance. Traditionnellement, une châtaigneraie est plutôt installée dans une configuration de type « verger ». En système agroforestier, les lignes d’arbres sont espacées ce qui rend possible la valorisation de la culture au sol. Dans notre cas, les lignes de châtaigniers sont distantes de 12 mètres, et la culture au sol sera une fougeraie dans un premier temps, puis s’orientera vers une prairie, valorisable par un pâturage ovin.
Le châtaignier est une essence plutôt “rustique”, c’est à dire qui nécessite un entretien modéré durant les premières années et qui s’adapte bien aux sols acides des anciennes landes communales ainsi qu’au climat local. Par ailleurs, une filière locale se développe depuis quelques années ce qui permet d’envisager des débouchés de proximité.
L’implantation d’une châtaigneraie à gros fruits sur cette parcelle a également pour objectif de servir de référence sur le plan technique, pour un éventuel développement de la filière. Et ce, sur les questions liées à la taille ou au choix des variétés notamment. Dans le cas présent, ces dernières seront toutes choisies pour leur résistance au chancre, mais également pour leurs qualités gustatives et leur aptitude à la transformation. Le choix de variétés plus ou moins précoces, la taille des fruits, et le positionnement des arbres sur la parcelle permettront une récolte plus ou moins étalée dans le temps pour s’adapter aux différents besoins supposés du marché.